La provocation de trop à une semaine du premier Tour
Tout comme la déclaration d’Emmanuel Macron sur l’Algérie française et la colonisation, les propos de Marine Le Pen au sujet de la responsabilité de l’état dans la rafle du Vél’ d’Hiv peuvent apparaître comme condamnables.
Mais quelle mouche à piquer Madame à répondre de cette manière à la question posée par Olivier Mazerolle dans l’émission le grand Jury d’RTL à la question : « Est-ce que Jacques Chirac a eu tort de prononcer son discours sur le Vél’ d’Hiv ? » La réponse de Madame Le Pen fuse : « Je pense que la France n’est pas responsable du Vél’ d’Hiv, voilà ! »
La question était préparée et Madame Le Pen a accepté qu’Olivier Mazerolle la lui pose. Pourquoi relancer la polémique ? Quel avantage à revenir sur un épisode du passé ?
S’il y a bien une règle d’or en communication, c’est de savoir se taire et capitaliser sur ses atouts. Depuis des années, Madame Le Pen tente de dédiaboliser son parti et à une semaine des élections, elle relance une polémique qui, sur des sujets connexes, ont précipité la demande d’expulsion de Jean-Marie Le Pen.
Pourquoi n’a-t-elle pas pu s’en empêcher ? C’est l’histoire de la grenouille et du scorpion. Le scorpion qui se trouve sur le dos d’une grenouille au passage du guet, la pique se noie : Mais pourquoi fais-tu cela demande la grenouille tétanisée, tu vas mourir. Je sais et c’est plus fort que moi !
Pour tous les candidats, ces communications non maîtrisées et en contestation s’apparentent à un péché de suffisance. S’exprimer ainsi montre le dédain, la morgue, l’incivilité obstinée. A trop vouloir s’opposer à tous et contre tous, ils risquent de se voir opposer leurs propres incohérences.
Sur cette question Madame Le Pen, s’oppose à Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Lionel Jospin, Jean-Pierre Raffarin et François Hollande qui ont tous reconnus la responsabilité de la France malgré des convictions politiques différentes et en plaçant l’humanité au-dessus de leurs propres intérêts de buzz et de coups de pub médiatique à tout prix.
Leur toute puissance, leur suffisance infatuée d’eux même, portent les candidats – et parfois les dirigeants – à considérer qu’ils ont toujours raison et qu’eux seuls détiennent le droit de tout dire, envers et contre tous. Au détriment de leurs propres intérêts et aux intérêts de la nation ou de leurs entreprises.
L’art de se taire est aussi important que l’art de s’exprimer, que ce soit en politique et en entreprise il y a un temps pour tout. Le choix du moment est parfois plus important que le message en lui-même.
Pour Madame Le Pen, il lui suffisait de dire : « C’est l’avenir et les prochaines échéances qui m’animent. » Sans commentaire, point de polémique !