Le Président Directeur Général du géant du traitement des déchets adresse une communication inédite où il expose ses convictions politiques et économiques à l’ensemble de ses 4.500 collaborateurs. Il remet nommément en cause le programme de Marine Le Pen et les risques économiques que ses décisions pourraient provoquer.
Indélicatesse managériale
Lorsque le président fondateur du groupe Paprec, patriarche incontesté s’exprime, qui osera s’opposer à ses idées ? Tous les membres de son comité de direction ont confirmé leur assentiment pour la diffusion de ce courrier. Mais avaient-ils le choix ? Combien de fois avons-nous vu des patrons charismatiques décider sans souffrir d’opposition ?
S’exprimer de façon abrupte en affichant un parti pris politique est dangereux et contreproductif. C’est prendre en otage le libre arbitre des collaborateurs de l’entreprises. Il serait intéressant de connaître la position de Monsieur Petihuguenin si un collaborateur faisait l’apanage d’un parti politique au sein de son entreprise. Comment réagirait-il si des tracts étaient distribués à l’ensemble des 4.500 employés ? L’autoriserait-il ?
Cette communication ouvre la voie à toutes les formes de prosélytisme possible et laisse entrevoir des conflits potentiels. Et si chacun s’exprimait sur ses convictions personnelles, religieuses ou sexuelles ? La loi encadre les partis pris et les discriminations, quelles qu’elles soient.
La prise de position du Dirigeant est d’autant plus étonnante que les collaborateurs de Paprec se sont mobilisés contre la répression syndicale dans l’entreprise… le mois dernier. Comment peut-on réprimer les syndicats et une semaine plus tard imposer ses propres opinions ?
Un coup de génie médiatique
Il est habitué aux coups de communication innovants et surfe sur la vague des sujets « tendances » : interviews sur la biodiversité ou sur l’instauration d’une charte sur la laïcité dans son entreprise. L’utilisation de l’actualité politique est un coup de génie. En mettant en cause la politique économique de Marine Le Pen, il frappe fort et s’assure une couverture médiatique nationale. Par ses exemples précis et sa démonstration, il étaye ses propos et bénéficie d’un atout exceptionnel pour faire parler d’une société peu connue dans un secteur dévalorisé.
En une seule communication auprès de ses 4.500 collaborateurs, Jean-Luc Petithuguenin, fait la une des journaux. Du journal Le Monde en passant par Ouest France, il diffuse des informations stratégiques concernant le Groupe Paprec, sa croissance de 25 % et son évolution de chiffres d’affaires, passant de 3 millions d’€ à 1,5 milliards d’€. Pour autant, il refuse de s’exprimer dans les médias audiovisuels. L’exercice est périlleux et il pourrait être pris à partie pour son opportunisme et casserait l’effet « coup de pub ».
Voici un résumé des éléments de communication diffusé par le PDG : « Par sa vision aberrante de l’économie, Madame Le Pen va ruiner la France et les entreprises. Si, la France abandonne l’euro, les entreprises ne pourrons plus rembourser leurs dettes et la dévaluation du Franc sera certaine ».
Dans tous les cas, par ce seul courrier, il imprime durablement la marque PAPREC dans l’inconscient collectif.